Un autre regard
Emotions qui s’y blottissent …
Libre inspiration, sens caché ou évidence … un ensemble de textes et poèmes écrits par un ami d'enfance, Claude Panouillé
Cette rubrique s’enrichit au fil des rencontres : envoyez-moi textes ou commentaires que vous inspirent ces oeuvres et ils seront publiés.
ALLEZ' ENFANTS
Allez zenfants
Ne restez pas lovés
Dans mon giron dans ma chaleur
Allez
Je vous jette à la volée
Allez à la vie
Allez où vous voulez
Au fil de vos envies
Au flux de vos désirs
Aux frimas à la canicule
À la douceur ombreuse
Allez semer vos semailles
Et fêter vos fiançailles
Aux éclats des cascades
Aux rires et aux sanglots
Allez hululer à la lune
Vous rouler dans l'herbe grasse
Aux soleils et aux crépuscules
À vos turbulences à vos jouissances
Sentez sourdre la puissance
Croissez multipliez
Vos folies vos errances
Vos conquêtes vos défaites
C'est votre vie que vous ferez
Qui vous attend.


Que ce fût hasard
Ou création
Dessein divin nécessité
Qu'importe
Ce qui existe est bien là
Béance et replis
Invite à bombance
Invite aux errances
Plénitude incomplète
Viduité à combler à gorger
À y chavirer
Abysse et délices
ORIGINE


PLENITUDE
Fascination et permanence
Palpitation et touffeur musquée
Viduité à gorger
Pour que vive la vie
Plénitude incomplète
Arcanes de la chair
Béance et replis
Où se perdre et se trouver
Y chavirer


L'ARRACHEMENT
Lui qui est fils d'Erèbe
Rien qu'un pied le retient
Plus qu'un pied à la glèbe
Au monde souterrain
Celui de l'ordre ancien
Sauvage et incertain
Bientôt l'ère d'ivresse
La femme n'est pas loin
Une ère d'allégresse
Et presque on se rejoint
L'une et l'autre se pressent
La vie n'est que promesses
C'est une ère nouvelle
Et la terre est à eux
Fraîche neuve et si belle
C'est leur terrain de jeux
- Une vie éternelle?
On peut la rêver telle.


Aux premiers temps
Avant le monde
Il n'y avait rien
Et l'araigne surgit
Venue on ne sait d'où
Gravide de ses errances
Elle hausse son Espérance au-delà du Connu
Et d'elle le Chaos
LA NAISSANCE DU CHAOS


CONFIANCE OU LA MAIN DE DIEU
La main
Fermée elle refuse
Faite poing elle broie
Elle clôt emprisonne
Elle gifle ou bastonne
Partie du cœur de l'homme
C'est elle qui façonne
Qui prend ou bien qui donne
Qui écrit qui raisonne
Qui frôle qui rayonne
Qui vendange et moissonne
Qui tient l'archet l'automne
Du violon qui frissonne
Jamais plus accomplie
Que lorsqu' elle est remplie
Quand s'y trouve une femme
A la natte tordue
Qui s'y tient tout enclose
Captive nullement
Et femme pleinement
Confiante pleinement
Pas besoin qu'elle y mange
Qu'elle y rie qu'elle y danse
Qu'elle embrasse ou se donne
Car sa présence pleine
Souplesse et densité
Y habille le monde
De chaude perfection
- Mais sortir de la gangue
Encore faut-il qu'elle le veuille.

CHERUBIN POTELE et ANGE NOIR
Ce chérubin potelé?
Sous les plis pas de mystère
Pas de fêlure
La lumière
Fait plus que le nimber
- Rien à voir avec celui
Au carquois acéré
Qui vient de chez les Grecs
Lui c'est l'accomplissement sans le frémissement
La béatitude sans l'incertitude
L'innocence pas la licence
L'âme pure de luxure
La volupté sans la lubricité
La foi bonne pas la mauvaise
Rien qui gronde rien qui sourd
La bonhomie pas l'infamie
C'est le monde avant la faute
La rondeur sans l'inextinguible ardeur
La chair sans le péché
C'est le monde avant la faute
Un monde lisse sans vrai délice

- Du chérubin potelé tout le contraire
Ce diablotin émacié passé au noir de fumée
Efflanqué acéré
Sans son arc égaré
Dans quelque échauffouré.

EVE APRES ...
Elle a connu le serpent
Elle a goûté le fruit
Elle a connu le goût de l'inconnu
Elle a connu la nudité
Elle a connu l'homme
Elle a connu la vie
Et après
Elle a voulu connaître encore
Elle s'est hissée
De toute sa densité
Jusqu' à la cime
Elle n' y a trouvé que des façons de pommes
Et après
Les branches ploient
Proche est le vide
Après
Et s'il n' y avait plus rien
Après.


La terre s'effiloche
Oui la terre s'étiole
Continents laminés
La terre se délite
La terre n'en peut mais
Oh bientôt ils viendront
Les jours les jours sans pain
Aux couleurs de la nuit
Puis les jours sans couleur
Et les jours sans nul jour
Tous ces jours sans demain
- Et ces jours pour toujours

JOUR SANS PAIN OU SISYPHE DANS LA VOIE LACTEE
ENTRELACES ou CREVE-COEUR
Si près
A s'en creuser le corps
A s'en crever le cœur
A ne faire plus qu'un
Si près
Et ils ne font plus qu'un
Se sont creusés les corps
Se sont crevés les cœurs

Plus tard
Halètements d'hallucinés
Sitôt enlacés sitôt déliés
Le désir aura été à l'heure
Mais il se révèlera
Que leur délire était un leurre
La solitude leur lot

Concentrées
Arrimées au sol en quelques points d'ancrage
Arc-boutées
Arquées
Cambrées
Creusées
- mais pas ce qui ne se peut
Muscles tendus tendons bandés
Energie dardée
Légèreté pesante ardente densité
Exigeantes
Terrestres pas éthérées
Comme figées
Pour une éternité
- Tant de tension tant de désir
Et c'est à peine si l'on s'effleure

A PEINE ...
EVE OU L'ETERNELLE TENTATION
- Lui campé simplement il connaît bien sa tâche
Une terre à porter et à débosseler
A combler à parfaire et que ne blesse plus
La moindre aspérité sur sa rotondité
La vigueur de son bras c'est sûr y suffira
Qui soutient sans effort Caïn cet innocent
Et Abel dont la vie déborde de promesses
La place lui convient qui lui fut assignée
- Elle ramassée dense et prête pour l'essor
Car l'épaule de l'homm(e) n'est plus
que marchepied
Pas besoin de serpent
En elle cette force
Cet élan cette soif ce besoin ce tyran
L'attrait du sortilège et le goût du vertige
Un poète écrira Enfer ou Ciel qu'importe
Au fond de l'Inconnu pour trouver du Nouveau
Et d'Eve descendront tous ceux qui quitteront
Le sillon tracé droit la tiédeur du foyer
La couche de l'épouse aux gestes bien appris
Les lendemains prévus les plaisirs attendus
Le cycle des saisons jamais renouvelé
La douceur du verger et le repos du banc
Les Van Gogh les Darwin les premiers Pascuans
Tous ceux que porteront leurs semelles de vent
- D'Eve procèderont tous ceux qui chercheront
Dans les volutes bleues le jaune de l'absinthe
A rebours du miroir à l'autre bout du monde
Dans l'abri de l'ermite en habit de Pierrot
Au-dessous du volcan au cœur de son cratère
Dans les vapeurs d'encens dans la chair la luxure
Tous ceux qui chercheront l'Atlantide perdue
Cipango la dorée la métaphore juste
L'outrenoir le Graal l'Azur la note bleue
L'inaccessible étoil(e) la toison de Colchide
Qui sont fleurs de vertige et rouille et sortilèges.
